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mardi 25 août 2015

L'AZILE LE PLUS SÛR - FORMULAIRE D'ADMISSION 11-53 - "L'Eté sera chaud, L'Eté sera Pierrot " - part two

Cette semaine dans la seconde partie du feuilleton de l'été de l'Azile consacré aux frasques sonores de PIERRE HENRY, l'inventeur fou de la musique concrète, plutôt isolé à la fin des années 50 mais très peuplé à l'intérieur de sa tanière-studio, se donne à fond pour forger ses musiques de fête et décloisonner son nouveau langage à base de sons parasites mutants, et passe rapidement au statut de compositeur culte entre le début et la fin des années 60, avec une série d'évènements populaires et d'oeuvres qui commencent à être éditées à un rythme régulier, notamment dans la fameuse collection "Prospective 21e Siècle" de la firme Philips.

"Tout bruit écouté longtemps devient une voix", ou encore "la musique c'est du bruit qui pense", comme aimait à le rappeler notre bon vieux pote Hugo, lorsqu'il avait un coup dans l'aile. Les vacances sont très propices aux rencontres c'est bien connu, et c'est le cas également pour Pierre HENRY, puisqu'à l'été 62, de retour de son Voyage chez les morts tibétains, il se consacre deux heures par jour à faire crier et à enregistrer avec son assistante la très phonogénique porte sur gonds du grenier de la longère qui lui sert de villégiature à Vic dans l'Aude, puis il monte ces héroïques solos dans une compo tout aussi provocatrice que fidèle aux préceptes de la musique concrète et du montage schaefferiens.

L'année 67, c'est aussi le Summer of Love pour Pierre HENRY, puisqu'après avoir déménagé à Saint-Germain-des-Prés et composé divers sons pour accompagner la libido des poulpes, il se consacre à une série de messes et rituels païens, qui aboutiront au fameux concert couché, aux 26 heures de concert non stop en sac de couchage à la Gaîté Lyrique, et à la consécration de ses fameux jerks électroniques, tout autant musiques de bal populaire que ballet de cour à la sauce Béjart.

Avec l'Apocalypse de Jean en 68, ou ses Fragments pour Artaud avec les éructations-mantras de l'ultra-lettriste François DUFRÊNE, HENRY démontre toutes ses capacités à créer des oratorios électroniques de haute volée pour les temps modernes en forme de petite boutique des horreurs. Fin 60 il transportera même ses potentiomètres, ses déflagrations violentes et son indescriptible maelström électronique sur la scène de l'Olympia aux côtés de Spooky Tooth, ce qui le consacrera définitivement comme le plus psyché-pop des compositeurs avant-garde, le dernier mammouth laineux encore en activité du GRM-canal historique.

On termine cet épisode numéro 2 avec Gymkhana, une pièce multipistes pour instruments acoustiques spatialisés, idéalement concue pour vos séances de gymnastique rythmique pour club de fitness sur Proxima du Centaure.

Et comme dit l'autre : "Moi, je n’ai pas de notes. Je n’ai jamais aimé les notes. C’est insuffisant, les notes. Ça n’est rien. Ça se perd. C’est bête. On ne peut pas travailler avec les notes. Les notes, c’est bon pour les compositeurs." (Journal de mes sons)





lundi 17 août 2015

L'AZILE LE PLUS SÛR - FORMULAIRE D'ADMISSION 11-52 - "L'Eté sera chaud, L'Eté sera Pierrot" - part one

Pour une oreille bien exercée, il n'y a pas de bruit qui ne puisse être entendu comme une musique... et réciproquement, comme claironnaient les teigneux ennemis du Gégène.

Le comité des productions spéciales Azile en profite que c'est vraiment l'Eté pour nettoyer ses portugaises ensablées et pointer son cornet acoustique sur les frasques de l'animal sonore PIERRE HENRY, et vous propose un triptyque radiophonique cousu main sur potentiomètre, à l'occasion de la publication récente d'un luxueux coffret de 10 LP : " Choix D'Œuvres De 1950 À 1985 ", sur la firme allemande Vinyl-On-Demand, qui regroupe bandes historiques et morceaux devenus rares. Pour faire bonne mesure, on glissera au passage aussi quelques pièces du coffret 10 CD, tout aussi réussi qu'économique celui-ci : "Odyssée", sorti il y a juste 3 ans, sur étiquette Decca. Bref, une sélection à travers les âges au poil pour vos huîtres, en goguette sur ces plages entourées de falaises escarpées en compagnie du "plus vieux D.J. du monde" muni de son armada de tam-tams du merveilleux.

Au cours de cet épisode 1/3, on découvre l'art des sons fixés développé par Pierre HENRY à partir de 1949, à l'époque où il intègre le GRMC (Groupe de Recherche de Musique Concrète) pour participer aux premières expériences de musique concrète et électroacoustique aux côtés de PIERRE SHAEFFER, à grand renfort de lutherie sauvage, de symphonies de bruits et de casseroles, de bidouilleries vinyliques non homologuées, de clusters de pianos détraqués, de consoles de mélange primitives, et de tintamarres de phonogènes à coulisse. Bref, tout une lutherie expérimentale au service de l’Inouï détournant allègrement les moyens de la Radio, car comme le disait à juste titre le directeur du service de recherche de la RTF, Pierre Schaeffer : "la radio est un art aveugle" !

Au travers de ce petit tour d'horizon des années 50, on assistera donc à la naissance d'une musique concrète électronique exotique accouchée par ces deux pionniers, et au polissage progressif de cette matière brute acousmatique, depuis le Bidule en Ut jusqu'au fameux ballet de la Reine Verte. On verra comment Pierre HENRY s'est affranchi au fur et à mesure de la figure tutélaire du théoricien Pierre Schaeffer pour forger sans ambiguïté son propre langage sonore et réaliser sans barguigner ses premières oeuvres d'envergure, à partir des 1300 bobines de sa sonothèque. On découvrira aussi comment la Gaine Scandale à largement contribué à son éviction du GRMC, l'obligeant à créer son propre studio indépendant APSOME dès 1958, tout en contribuant à sculpter le galbe émoustillant de ses sons et à promouvoir sa stature de créateur hors pair et facétieux de l'électronique moderne. 

Et comme "si ça fait mal aux oreilles, c'est que ça fait du bien...", c'est bien là tout le mal que le comité spécial des feuilletons estivaux de l'Azile vous souhaite !






vendredi 14 août 2015

L'AZILE LE PLUS SÛR - FORMULAIRE D'ADMISSION 11-51 - "Fricassée de Musiques Electroniques, 1958-1978"

A l'occasion de la belle panne d'antenne Fm des jours derniers, on en a profité pour remonter du puits sans fond des programmes spéciaux de la cuve d'immersion de l'Azile une authentique archive qu'on vous livre brut de fonte, en bonux exclusif et rien que pour les oreilles de ce blog : l'Azile du 26 décembre 2007.

En guise de conte de Noël, ce qui tombe à point nommé au moment de la pêche aux crabes, une histoire des musiques électroniques de 1958 à 1978, un genre de florilège panoramique des pionniers de l'électronique tout aussi oblique qu'entièrement subjectif.

On remonte le fil avec quelques classiques de l'électronique primitive, depuis le savoureux "Poème Electronique" de 1958 de Varèse donné au pavillon Philips de l'Expo Universelle de Bruxelles, les pionniers bataves Dissevelt & Raaymakers, ou encore le fabuleux Raymond Scott et ses jingles à base de séquenceurs home-made. Un focus indispensable sur les mythiques studios de la WDR à Cologne ou l'Institut de Sonologie d'Utrecht, avec une compo méconnue du compositeur hongro-roumain György Ligeti. Un électroacousticien ultra-méconnu originaire lui du Brésil : Jorge Antunes, et la redécouverte de miss Daphne Oram du BBC Electronic Workshop et son synthétiseur optique analogique.

Du Moog modulaire vintage à la sauce George Harrison vs. Bernie Krause qui sonnerait presque comme du proto-Coil, et du Buchla à la louche par Morton Subotnick du San Francisco Tape Music center. Sans compter une pièce de la grande époque krauto-synthético-proto-industrielle, sur le fameux synthi AKS par le regretté Conrad Schnitzler, ainsi que Richard Pinhas à la même époque, avec ses mini-moogs schizos et sa douce guérilla électronique.

De la pop électronique avec les inoubliables Roger Roger et JJ Perrey pour la petite touche de librairie musicale exotica frenchy.

Coté rareté : un mantra synth-prog par l'obscur Nik Raicevic, ou encore l'iranien Alireza Mashayekhi pour la touche de vrai exotisme. Enfin, pour bien boucler la boucle, le Sheffield sound de Cabaret Voltaire - époque Watson/Mallinder/Kirk, en guise de passage de témoin vers les années 1980.

Plus économique et nettement moins gras que les chips à l'ancienne, goûtez au programme spécial flash-back évasion de l'Azile






jeudi 6 août 2015

L'AZILE LE PLUS SÛR - FORMULAIRE D'ADMISSION 11-50 - "Ornette! au logis - part two"

Second épisode de notre plongée dans les profondeurs du jazz délicieusement différent de feu ORNETTE COLEMAN, l'Azile, dans son plus simple appareil, enfourche masque et tuba pour vous offrir une sélection de morceaux de choix, hybride et pleine d'écailles, et qui démarre comme de juste en 1972.

En dehors du succès de  "Ce n'est rien" de Julien Clerc et de la sortie de Ziggy Stardust, l'année 1972 est en effet également ultra faste pour le saxophoniste : il enregistre intensivement, et surtout il plante les bases de son concept sonore et philosophique : l'Harmolodie.

Artists House, le loft où il accueillait moult sessions de jazz free au milieu de Soho étant menacé de fermeture par les promoteurs immobiliers, COLEMAN prend alors le large pour improviser dans le riff marocain aux côtés de la fameuse confrérie des Master Musicians Of Jajouka.

A partir de 1976, son combo PRIME TIME avec James “Blood” Ulmer, Ronald Shannon Jackson et Jamaaladeen Tacuma invente un nouveau style de Free Funk, totalement hoquetant,  hirsute et d'avant-garde, qui posera les jalons du jazz new-yorkais des années 80 façon Lounge Lizards.
Durant les années 1990-2000, même s'il se fait plus rare, ORNETTE continuera de questionner la beauté et d'inventer des thèmes nouveaux, tout aussi naïfs que complexes, avec un lyrisme visité par le mystère bien à lui.

A défaut de reproduire des interviews in extenso, quelques extraits de citations-bonus :
- " Le jazz est la seule musique avec laquelle on peut jouer la même note nuit après nuit, mais de manière différente à chaque fois " .
- " La musique doit se passer de toute restriction ".
Et pour paraphraser le fameux disque des débuts d'Ornette COLEMAN : "... quelque chose de tout autre. "



dimanche 2 août 2015

L'AZILE LE PLUS SÛR - FORMULAIRE D'ADMISSION 11-49 - "Ornette! au logis - part one"

Le comité spécial des Aziles estivaux s'est échappé de l'animation des élections de miss camping-2015 pour vous concocter un diptyque thématique, entièrement consacré au regretté ORNETTE COLEMAN, le saxophoniste alto le plus scandaleux de l'histoire de la Great Black Music, disparu en juin dernier à 85 printemps.

Vrai passeur trans-genres et briseur de tabous, digne successeur de Charlie Parker, issu du creuset du jazz West Coast, ORNETTE a affolé New York et le landerneau jazzophile pendant plus de 50 ans avec un style ultra-personnel et totalement punk, libéré des carcans de l'harmonie et du rythme, emprunt de thèmes post-Stravinsky et d'atonalité à la Stockhausen, tout en s'acoquinant aux provocations bien senties à la façon John Cage.

Pour ce 1er épisode, on découvrira Mr. COLEMAN avec son quartet originel et historique de la fin 50-début 60, à ses tout débuts aussi à Los Angeles en compagnie des fidèles Don Cherry et Charlie Haden ou de Paul Bley, avec son trio incendiaire du milieu des années 60, également aux côtés de la légendaire section rythmique de Coltrane, au crin-crin dissonant et à la trompette à l'emporte-tympans, ou en concert à NYC toute fin 60-début 70 avec son jeune fils Denardo.

Et, bien-sûr, la pièce monumentale "Free Jazz", qui n'a finalement que très peu de choses à voir avec le jazz free...

"Le son a une relation beaucoup plus démocratique à l’information. L'idée, c'est que 2 ou 3 personnes puissent avoir une discussion avec les sons, sans essayer de les dominer", disait le maestro Ornette Coleman. Dont acte. Play it again Ornette!