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lundi 24 avril 2017

L'AZILE LE PLUS SÛR - ETAGE 13 PORTE 26 - Tranche De Temps Jeté Ici & Maintenant

Pour ce nouvel épisode de votre programme asynchrone qui tombe toujours à pic, on a tenté de compenser la sécheresse ambiante par quelques épices bien senties pour mieux embraser le fond de l'air.

A défaut d'urnes, les hipsters de la noise $hit And $hine bourrent leur ghetto-blaster de vieilles saloperies disco recuites à point et au plunderphonic pour ranimer le dancefloor, alors que Colin Potter se souvient du temps jadis où il pratiquait l'indus lo-fi en culottes courtes à York. A l'Azile, on a toujours été baba devant les chansons pop obliques de La Terre Tremble !!!, et le dernier opus des charmeurs de volcans n'a pas de raison de déroger à cette hypnose garantie sur velours. Les Millions Of Dead Tourists sonnent un peu comme du Ike Yard sur le retour, sauf qu'ils reviennent tout pantelants de Thessalonique.

Entièrement conçu à partir de sons concrets et détritus synthétiques de la société post-industrielle new-yorkaise, le nouvel opus d'Evan Caminiti, moitié maximaliste de Barn Owl, est tout aussi sidérant que vaporeux. Autres adeptes de la synthèse modulaire, les ex-Labradford et Pan·American s'acoquinent avec le percussionniste de Locrian Steven R. Hess, pour de l'ambient glaciale et liquoreuse à la mode post-rock de Chicago sous bannière Anjou. Coppice est une autre sacrée paire de manches de Chicago, et un duo de sound artists tout aussi ciselé que décapant.

Le nouvel octet de la guitariste Mary Halvorson sonne aussi bien que son septet, normal me direz-vous, ce sont exactement les mêmes briscards du jasse new-yorkais augmentés de la pedal-steel guitar de Susan Alcorn. Cela fait au moins quelques années et demie qu'on suit les traces du saxo-électroacousnoisien helvète Antoine Chessex, mais le retrouver là flanqué de la section rythmique en or du free britannique, et attablé le 12 décembre 2016 au Café Oto, est un pur délice. Depuis qu'il nous avait servi ses terribles Tripes, on avait compris que Jean-Brice Godet avait de la bouteille, mais vu le titre alcoométrique volumique de ses nouvelles compos, et on se dit que cuici on va pas lâcher de si tôt ! Enfin, le nouveau Marcus Fjellström se consomme ici et là encore sans modération, quitte à entendre double entre les instruments détunés et l'électronique qui donne le tournis. Et on termine comme de juste la dégustation avec un smorgasburg de titres bonux et autres alternate takes.

Pour la soif des cages à miel, secouez dès maintenant la pulpe anticonstitutionnellement vôtre de l'Azile




mardi 18 avril 2017

L'AZILE LE PLUS SÛR - ETAGE 13 PORTE 25 - Le Mandipropamide contre les Oomycètes

N'en déplaise aux canassons d'Attila, l'Azile c'est un peu comme la mauvaise herbe, ça a beau disparaître, ça repousse toujours.

Cette semaine donc, à défaut de vestes qui ne sont plus trop de saison, nous avions décidé de vous offrir une vraie sonnerie de téléphone qui fait un carton pour épater vos ami(e)s, du Lichen Gumbo comme s'il en pleuvait en banlieue d'Helsinki ou de Louvain, alors que le combo de space-rock Zofff qui a bien failli ne jamais traverser le Channel, s'étale désormais langoureusement sur 2 faces de microsillons, grâce aux bons offices de la nouvelle branche psyché-kraut des ex-Great Pop Supplement.

Die Tödliche Doris fut un  collectif d'énergumènes spécialisé dans l'agit' prop industrielle au cours des golden eighties du côté de Berlin, et qui rétrospectivement ferait passer Jean-Louis Costes pour un enfant de cœur. No Ufo's a beau l'affirmer, les vrais aliens se planquent toujours du côté de Vancouver, et même dans les plis des pochettes de sa compatriote Sarah Davachi dessinées par le simili Konrad Jandavs lui-même. La compilation fleuve et garantie 100% sans testostérone du label électronique Hylé Tapes nous permet de découvrir quantité de trucs chouettissimes, notamment le travail méconnu de miss Floy Krouchi. Pour mieux s'enfoncer dans le Sofa, Muddersten distille ses mélanges impro-électronique combinés au tuba des profondeurs de Martin Taxt.

La séquence de jazz vénère secoue sévèrement avec les bûcherons canadiens de Gorilla Mask et le retour des Krokofant, pour un triplé gagnant à la puissance trois. Le saxophoniste de jazz free lituanien Liudas Mockūnas, à ne pas confondre avec Liūtas Mockūnas, aime lui aussi les power trios et jouer avec à peu près tout ce qui bouge, et qui ressemble de près ou de loin à une tuyauterie du facteur belge. Quant à Jim O'Rourke, son exil au Japon lui a fait le plus grand bien : il ne publie plus qu'à dose homéopathique de 3 à 4 disques par an, comme cette collaboration extra-fructueuse avec François Bonnet du GRM, à ne surtout pas confondre avec l'autre Bonnet. Et si vous vous imaginiez que vous alliez vous en tirer à si bon compte, on assaisonne la sauce avec une poignée d'extended bonux pour pimenter le tout.

Si d'un dauphin t'en fais pas un requin, de l'Azile t'en feras pas un fossile





mardi 4 avril 2017

L'AZILE LE PLUS SÛR - ETAGE 13 PORTE 24 - Bruits & Temps Analogues

En prise directe avec les dédales sans fin du grand tunnel du Temps, nous vous proposons cette sélection qui n'est pas tout à fait réchauffée d'hier, car l'Azile quelque part c'est aussi un peu demain.

Rien de tel qu'un redémarrage sur les chapeaux de roue pour éviter de pédaler dans la rillette comme dirait Pénélope, avec un petit cocktail de Blurt capté comme de juste au fameux café Oto de l'Est londonien très exactement le 13 janvier 2016. Avec Cara & Mike Gangloff, on ne sait jamais vraiment si on est dans le folk étatsunien du Sud ou en Inde du Nord, ou dans la grande tradition dronesque avec harmoniques de fiddle, banjo, shruti-box, voix à la Patty Waters et répertoire populaire réinventé. Avec Thinking Plague, rien n'est moins sûr non plus, si ce n'est que ces zouaves ont commencé quasi à la même époque épique que Blurt, qu'ils jouent régulièrement avec un ours polaire à la batterie et des gens issus du Hamster Theatre, ce qui n'est pas rien. La nouvelle production d'Ulan Bator passerait presque pour du rock straight à la papa, si ce n'est que leur calzone est fort bien fourrée à la choucroute-mozzarella.

La vraie découverte de la semaine d'avant aujourd'hui-même, c'est bien ce groupe d'agit-punk qui ne rigole pas de Brooklyn : Object Collection, avec un authentique opéra avec des textes de Léon Trotsky lui-même à l'intérieur, en hommage à la vacuité de la société post-révolutionnaire (sic), et on se dit que c'est quand même plus fun que certaines niaiseries hexagonales. Les deux opus de l'éphémère combo Zeit, repêchés par la marque Black Sweat, constituent assurément LA curiosité ultra hautement recommandable du moment. Imaginez une sorte de croisement entre Third Ear Band et un folklore imaginaire issu du creuset de la Méditerranée, joué par des post-hippies de la Botte secrète à la fin des années 70-début 80...

Toujours bien câblé avec les colonies de petits-gris, le finnois de Tampere Jan Anderzén, tombé du vaisseau amiral Kemialliset Ystävät, continue d'explorer ses exoplanètes avec brio et Tomutonttu. On se demande également ce qui a bien pu prendre Alvarius B de s'essayer à ces mélanges parodiques spoken words/rap en arabe gonflé à l'Auto-Tune, si ce n'est que c'est à la mesure du personnage comme du label Nashazphone. Le chatoiement multi-timbral du nouveau Dans Les Arbres est encore plus prononcé que sur les précédents, et c'est franchement pas regrettable. La rencontre entre Michiyo Yagi, Joe McPhee, Lasse Marhaug et Paal Nilssen-Love à Tokyo le 21 janvier 2013 avait déjà fait l'objet d'une publication un poil confidentielle, c'est donc carrément chic de la part de Smeraldina Rima d'avoir remis le couvert et en vinyle. Enfin, pour mieux patienter en attendant le dernier Oiseaux-Tempête, Frédéric D. Oberland fait une nouvelle fois parler la Foudre. Et, comme pour les nombreuses émissions en ligne d'hier et d'aujourd’hui entièrement disponibles sur le bloge et un peu plus, vous ne couperez évidemment pas à la demi-heure de bonux réglementaires, pour bisser sans bafouiller.

Pour sentir la botte souveraine de la réalité, humez le vent avec l'Azile