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mercredi 21 décembre 2016

L'AZILE LE PLUS SÛR - ETAGE 13 PORTE 14 - La Danse des Tonneaux Brisés

La fin d'année approchant à grands pas, nous aussi à l'Azile on s'est dit qu'il fallait enfin vous apporter la bonne nouvelle et ce, et comme de juste, à grand renfort d'enfumage, de bâtons de pluie, et de mantras positifs démultipliés par la magie du podcast s'il vous plait, sans omettre bien sûr les bonux de cette version deluxe pour mieux faire durer le plaisir et finir en apothéose.

Le nouveau combo qui réunit Thalia Zedek, Jason Sanford de Neptune & Gavin McCarthy est tellement effervescent qu'il s'est tout bonnement fait appeler "E", et il manquerait plus que E se présente également à la présidentielle pour couronner le tout. Initié à l'orée des années 2000, le Scorch Trio n'a rien perdu de sa superbe, même s'il s'est depuis délocalisé aux States et amputé d'un membre pour s'en adjoindre finalement un quatrième, pour toujours plus de fire music. Le duo Roji entre Gonçalo Almeida & Jörg A. Schneider témoigne de cette belle vitalité de la nouvelle scène européenne impro-free qui navigue entre le Portugal, l'Allemagne, l'Angleterre et les Pays-Bas, et comme Colin Webster s'époumone avec eux, on ne peut que se jeter dessus les yeux fermés ! Otomo Yoshihide se fait un chouia plus avare en nouvelles galettes ces derniers temps, mais on vous a quand même retrouvé sa trace sur un chouette live à Tokyo publié au printemps dernier.

En cette fin d'année, on est ultra ravis du grand retour de Rashad Becker, et ses glissandi synthétiques cousus main sont toujours aussi magistralement divins. Eli Keszler enchante également les cœurs des petits et des grands avec son nouveau solo, d'une intensité frénétique proprement abyssale. La légende des musiques concrètes outre-Atlantique Tod Dockstader, illustrateur légendaire pour Tom & Jerry ou Mr. Magoo, complète le tableau avec des pièces enregistrées de son vivant, mais jamais éditées jusqu'ici. Le projet Fenêtre Ovale d'Eve Risser, Joris Rühl & Karl Naëgelen réinvente les stratégies obliques de l'impro par le trou de la serrure, et on est plus que ravis de réentendre le lithophone de Thomas Gouband sur le tome 2. Jean-Luc Guionnet est tout aussi pertinent au sax que sur lutherie organique, et aussi royal sur disque qu'en live. L'Ensemble Phoenix de Bâle n'en est pas à son galop d'essai dans l'interprétation contemporaine des fralés des musiques expé, et cette rencontre avec Jérôme Noetinger de Metamkine n'en est que plus haute en couleurs, d'autant qu'on y retrouve les frangins Buess de l'ancien combo 16-17. Tod Dockstader referme le cortège avec un revenez-y de ses compos électroacoustiques des années 60.

Pour avoir l'abricot en folie après le solo de mandoline, pressez sans bourse délier l'Azile





dimanche 11 décembre 2016

L'AZILE LE PLUS SÛR - ETAGE 13 PORTE 13 - Minute Papillon

Ca y est ! On arrive presque en décembre. Traditionnellement, plein de gens vont, dès ce week-end, décorer le sapin de noël de guirlandes, de boules, et d'illuminations de toutes les couleurs de la vie pour la plus grande joie des enfants.

Ce que les gens ignorent c'est qu'aujourd'hui, leurs enfants en ont marre d'entendre à ce moment, Tino Rossi ou bien les arrivistes qui se sont succédé depuis quarante ans avec leurs disques de noël. Les enfants veulent entendre Pierre Henry, Dominique Grimaud, Kraftwerk, Bérurier Noir, Faust, Karlheinz Stockhausen, Didier Super ou Ludwig von 88.

Les plus mélomanes d'entre eux ne rechignent pas à écouter un Jean-Claude Risset ou un Pauline Oliveros pour leur rendre hommage. Ils sont, bien sûr, tous les deux au programme de ce XIIIème épisode. Alors, chers parents, entendez les volontés de vos enfants et décorez le sapin en mettant l'Azile de la semaine. Vous verrez que cette livraison hebdomadaire de curiosités automnales nous conduit cette fois de Portland à Héraklion, avec quelques circonvolutions excentriques autour de San Francisco dans les années 60, ce qui ne peut pas nuire, me direz-vous.

Jungle Nausea, side-project de Smegma, combinait post & art punk assez allègrement vers 1982-84, avec force instruments-maison et noise bondissante. Die Krupps met les petits plats dans les grands chaudrons de la Ruhr, pour une fondue revival de sa "Stahlwerksinfonie" en compagnie des gens de Faust, Pyrolator et Mani Neumeier de Guru Guru, et une pointe d'Einstürzende Neubauten pour relever le potage. Le 45 tours de Paul H. Williams est un genre d'OSNI enregistré dans une chambre de bonne sur cassette en 81, à classer entre The Normal & Throbbing Gristle, et inspiré comme de juste par la SF post-apocalyptique de sir J.G. Ballard. Le nouvel opus du combo islandais Amiina prend un air sombre de musique nouvelle à la Teho Teardo pour illustrer le Fantômas de la Belle Époque.

Après son décoiffant "Haircut", TOC est de retour cette fois avec une fanfare apocalyptique lilloise The Compulsive Brass, dans laquelle on retrouve quelques têtes bien connues. Après Intersystems dont on vous avait abondamment causé l'an dernier, Syrinx, l'autre projet du pionnier du Moog canadien John Mills-Cockell, refait surface avec une intégrale doublée d'inédits. Eli Keszler, le virtuose des crotales et des fourmillements sur caisse claire combinés à de l'électronique en miroir, s'est fendu d'un solo bien fractal  dont il a le secret. Dark Entries, le label de San Francisco, continue de nous alimenter en bizarreries de la fin 70-début 80, et cette fois Λένα Πλάτωνος ou Lena Platonos, la diva des musiques électroniques grecques, un genre de croisement entre Laurie Anderson, Björk et Bob Ashley, et une seconde réédition de ses frasques avant sa retraite anticipée à l'HP.

Feu Pauline Oliveros ne faisait pas qu'animer des bœufs impro avec son accordéon musette en intonation juste et tout le gratin des musiques expé depuis plus de 50 ans, elle a aussi laissé son empreinte comme l'une des pionnières des musiques électroacoustiques minimalistes les plus sauvages, et c'est pourquoi on lui rend un hommage appuyé avec un classique de derrière les fagots enregistré comme de juste au Tape Music Center dans les années 60. Hasard de l'actu, Jean-Claude Risset, le pionner de la synthèse sonore sur ordi, lui aussi a décidé de faire voile vers le soleil, dans une trajectoire qui l'aura conduit des laboratoires Bell jusqu'à aller s'enterrer sous Beaubourg. On se termine sur une note un chouia plus guillerette avec du bon free lusitanien, et le Motion Trio de Rodrigo Amado, remonté comme un coucou prêt à pondre chez vous, sans compter les substantifiques bonux pour rassasier tout le monde avant le prochain épisode.

Avec la réverbération azilaire, évitez que l'air qui vous trotte derrière la tête ne vous descende dans le derrière




dimanche 4 décembre 2016

L'AZILE LE PLUS SÛR - ETAGE 13 PORTE 12 - Et tant d'autres choses encore

En voyage officieux en Azile, Donald Trump, a dû faire rapidement face à sa notoriété et s'est aperçu qu'il n'était pas possible de rester incognito bien longtemps.

Du coup, il a enfilé sa tenue de camouflage préférée. Celle qui lui sert habituellement à frapper les pauvres dans les rues sans se faire identifier, tel un super héro actuel.

Une énième bonne idée du prochain Président of the United States of America. D'ailleurs, Monsieur Trump partage beaucoup d'idées avec nous, à l'Azile. A tel point que lui et notre président vont échanger leurs idées afin de développer un programme mondial sur le respect d'un plus grand mépris des pauvres et des étrangers pour un monde meilleur.

En attendant, vous pouvez écouter en toute quiétude ce XIIème volet de cette XIIIème saison de l'Azile le + sûr. Sa publication sur le blog a mis du temps à venir. Temps normal du deuil de Jean-François Copé. Regrets éternels. Salut, l'artiste !

Au programme, et pour faire court et archi-efficace : le nouveau Spaceheads se télescope avec le Renaldo & The Loaf tout nouveau au goût de banane qu'on n'attendait plus, pour une spéciale dédicace au Fab'. Le crooner tellurique Tazartouille rencontre deux nouveaux potes polonais, et ils se racontent des histoires abominables à cracher dehors. On observe une minute de bruit blanc à la mémoire du big boss de Musique Action, Dominique Répécaud, activiste indéfectible des musiques de traverse internationales qui nous a tiré sa dernière révérence.

Léonore Boulanger nous inquiète de plus en plus, car plus rien ne l'arrête. Outre, son nouvel opus déjà très chamarré avec ses camarades de jeu habituels, elle chante maintenant le perse à merveille aux côtés de Maam-Li Merati chez les belges d'Okraïna. Delphine Dora est tout aussi boulimique qu'inarrêtable, bien qu'un poil plus gothique. In-Poly-Sons fête à sa manière l'élection américaine, sur un work-in-progress qui va les mener on ne sait où, surtout avec les pistons bientôt sur cylindres du père Bastien. Mai Mai Mai aime beaucoup les ruines antiques et la polenta bien relevée, à l'image du nouvel opus chez Boring Machines.

Ce qu'il y a de chouette avec les disques, c'est qu'on peut participer à des concerts sans se déplacer, par exemple au fameux Cafe Oto de Londres avec miss Okkyung Lee & Christian Marclay, qui eux y étaient forcément le 25 Avril 2014 à 21h30, je m'en souviens d'ailleurs comme si c'était hier. A l'enregistrement d'Hastings Of Malawi, ce side-project du proto-Nurse With Wound aussi on y était, surtout qu'à l'époque on écoutait plutôt en boucle "Just Can't Get Enough" et "les Lacs du Connemara", du coup on est fort ravis de cette juste remise à l'heure des pendules et de cette salutaire réédition Sub Rosa. Enfin Sébastien Roux s'acoquine aux brocolis pour une cover du Xème quatuor de Ludwig van Beethoven, que Pierre Henry lui-même n'aurait pas osée. Et comme de juste, la maison régale avec ses restachou bonuxiens, dans le cadre de notre politique anti-gaspi.

Avec l'Azile, goûtez au prix du silence et de la folie qui se danse




                                   DONALD TRUMP EN TENUE DE CAMOUFLAGE